Affaire des téléphones des prisonniers du SED : Et si Etoudi paniquait après les révélations judiciaires de Michel Thiéry Atangana...

Publié le par christophe.bobiokono.over-blog.com

Depuis quatorze ans, les détenus étaient privés d’oxygène dans leurs cellules. Leurs témoignages mettent à nu un système qui se délecte de la violation des droits de l’homme.

 

Par Christophe BOBIOKONO – cbobio@gmail.com

 

Tous ceux qui ont assisté, le 12 juillet 2011, à l’audience criminelle du Tribunal de grande instance du Mfoundi consacrée à l’affaire Titus Edzoa en sont repartis bourrés de révélations. Michel Thiéry Atangana Abéga, l’un des quatre co-accusés de l’ancien Secrétaire général de la présidence de la République, n’avait pas fait de détails, autant dans la production des pièces à conviction (lire par ailleurs) que dans la relation des faits.

Il s’exprimait ce jour-là au sujet du mécanisme de financement du Comité de pilotage des projets routiers (Copisur) à travers lequel ils sont accusés d’avoir détourné 1,36 milliards Fcfa de la Taxe spéciale sur les produits pétroliers (Tspp). Et le Copisur, jusqu’ici présenté à l’opinion publique comme une coquille vide mise en place par Titus Edzoa et Michel Thiéry Atangana pour détourner l’argent de l’Etat, apparaissait comme une structure qui a bénéficié de l’attention bienveillante des plus hautes autorités de l’Etat, bien avant qu’elle ne voit le jour en 1994.

Pour les habitués de l’affaire, ces révélations allaient susciter des réactions tant de nombreuses personnalités étaient « éclaboussées », notamment plusieurs anciens ministres des finances, qui ont signé diverses conventions, les avocats de l’Etat qui ont bénéficié, chacun à son tour, d’un mandat pour essayer de trouver une solution extrajudiciaire à une affaire pour laquelle les accusés sont inculpés depuis quatorze ans. Voire, le chef de l’Etat, chef d’orchestre de tout...

Lorsque, le lendemain, 13 juillet 2011, les responsables du Secrétariat d’Etat à la Défense chargés de la gendarmerie décident de retirer leurs téléphones portables à Titus Edzoa et à Michel Thiéry Atangana (tel qu’on l’apprend pour ce dernier cas à la suite de la réaction de son Comité de soutien), les observateurs avisés de l’affaire sont loin d’être étonnés. Pour eux (dont l’auteur de ces lignes), il s’agit d’une réaction aux révélations du président du Copisur. De fait : depuis que les accusés ont le privilège d’exposer leur version des faits, le pouvoir de Yaoundé a montré quelques signes de fébrilité.

Enfin de l’oxygène dans la cellule

Ce fut déjà le cas après le passage de Titus Edzoa dans le box des témoins. Le professeur de médecine avait profité de l’occasion pour dénoncer, parlant de ses conditions de détention, un assassinat planifié. « Je suis devant vous, par la grâce de Dieu, avait-il confié au tribunal avant d’ajouter : ceux qui m’y ont mis (cellule du Sed) l’on fait pour me faire périr… J’ai frôlé la mort et la cécité».

Il rappela « l’ulcère du bulbe duodénal » qu’il avait vécu dans la nuit du 7 au 8 juillet 2003 et remercia les gendarmes qui lui avaient sauvé la vie et conduit à l’hôpital général. Il se souvint du rapt dont il fut l’objet dans ce même hôpital, le 4 août 2003, alors qu’il n’avait pas achevé de prendre des soins. Des hommes cagoulés intervenant à la suite « des ordres venus d’en haut et sans autorisation du médecin » l’avaient tiré de force de son lit d’hôpital pour le déposer dans sa cellule.

Le Pr Titus Edzoa raconta aussi l’opération subie en août 2005 suite au décollement de sa rétine. Une pathologie elle aussi liée à ses conditions de détentions. Parlant de conditions de détention, il a allait expliquer que sa cellule est « sans oxygène d’une façon chronique », parce qu’elle n’a pas d’orifice d’aération. En effet, ce sont trois portes blindées qui coupent chacun des détenus (Michel Thiéry Atangana aussi) avec l’extérieur et qui empêche tout mouvement d’air entre la cellule et le dehors. Pour lui, toutes ces conditions ont pour conséquence d’augmenter la pression artérielle et de créer des problèmes psychiques…

Informés des déclarations publiques du prisonnier, la gendarmerie avait réagi de façon positive. Après un entretien entre le Général Elokobi (initiateur de la rencontre) et le Pr Edzoa, une ouverture carrée d’à peu près 40 centimètres de chaque côté fut faite sur la porte principale pour laisser passer un peu d’oxygène. Les révélations publiques ne déclenchent décidément pas seulement des réactions négatives.

C.B.

Publié dans Procès Edzoa-Atangana

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