Affaire de l’avion présidentiel : Atangana Mebara va-t-il accepter la suite du procès ?

Publié le par Bobby

Interdit de visites depuis six semaines, l’ancien ministre d’Etat devrait subir le contre-interrogatoire du parquet mardi prochain. Il y a trois semaines, l’accusé avait déjà renoncé à l’échange pour protester contre la violation de ses droits. Si les mêmes causes devaient produire les mêmes effets…

 

Par Christophe BOBIOKONOcbobio@gmail.com

 

Une grosse incertitude plane sur l’audience criminelle du Tribunal de grande instance (Tgi) de Yaoundé prévue mardi 16 août prochain. Ce jour-là, Jean-Marie Atangana Mebara, ancien secrétaire général de la présidence de la République poursuivi pour tentative de détournement de 27 millions de dollars Us (plus de 20 milliards Fcfa) doit subir le contre-interrogatoire du parquet, en réponse à son témoignage recueilli le 15 juillet 2011, à la suite de l’interrogatoire mené par ses propres avocats. Ce contre-interrogatoire aurait dû avoir lieu le 29 juillet 2011. Estimant qu’il n’était pas d’humeur à échanger sereinement avec des représentants d’un parquet qui piétinerait ses droits de prévenu, l’ancien ministre d’Etat avait contraint le tribunal à renvoyer la suite du procès. Rendez-vous avait alors été pris pour ce 16 août (lire notre précédent article sur le sujet).

Au cours d’un entretien ce 12 août avec Claude Assira, l’un des avocats de l’accusé, l’auteur de ces lignes a appris que la sérénité n’était pas encore revenue chez M. Atangana Mebara. Pour cause : malgré un nouvel entretien avec le juge d’instruction, Pascal Magnaguémabé, en présence de Maurice Soh, l’un des substituts du procureur de la République chargé de l’affaire, l’ancien secrétaire général de la présidence de la République n’a toujours pas droit aux visites de ses proches. Six semaines pratiquement après le début de l’embargo, la situation perdurerait. L’avocat a témoigné avoir fait parvenir une autre correspondance au juge d’instruction, le 08 août dernier, pour communiquer de nouveau la liste des 43 visiteurs potentiels sélectionnés par le prévenu dans son entourage avec des copies certifiées conformes de leurs cartes d’identité respectives. Cette correspondance, dont nous avons pris connaissance, mentionne que depuis août 2008, aucun visiteur de M. Mebara n’a jamais été pris en flagrant délit d’indiscipline dans le pénitencier de Kondengui…

Enigme

Il y a trois semaines, M. Atangana Mebara avait estimé que les magistrats du parquet tardaient à donner à l’avis requis par le juge d’instruction avant de délivrer les permis de communiquer sollicités pour ses proches. Pour cette raison et présageant qu’il pouvait perdre sa sérénité devant lesdits magistrats, il avait préféré ne pas se livrer au contre-interrogatoire. Aujourd’hui, au bout de toutes les démarches menées par ses avocats, il apparaît clairement que le parquet n’est en rien mêlé au durcissement de ses conditions de détention à Kondengui. Qui est de la responsabilité du juge d’instruction. Les promesses données par le président du Tgi, Gilbert Schlick, aux dires des avocats de M. Atangana Mebara, sont restées sans effet. L’accusé peut-il changer d’humeur et se plier à la poursuite des débats ? L’énigme reste entière.

Ce 16 août 2011 pourtant, le Tribunal de grande instance de Yaoundé projette d’en finir avec les débats sur l’infraction concernant la tentative de détournement de l’argent destiné à l’acquisition de l’avion présidentiel, les fameux 27 millions de dollars Us. M. Mebara qui est l’accusé principal dans cette phase du procès, est le dernier témoin à intervenir. Dans le dossier de l’acquisition de l’avion présidentiel, il avait indiqué avoir « œuvré dans le sens de la protection des intérêts de l’Etat et de la fortune publique » et « conformément aux instructions reçues du chef de l’Etat ». Etant arrivé à la présidence de la République, le 22 août 2002, un an après le lancement du processus d’achat de l’avion (août 2001) et alors que l’argent en cause avait été mis à la disposition de Gia international (l’intermédiaire choisi par son prédécesseur) de façon irrégulière, « en l’absence de tout document contractuel », il estime que les 27 millions de dollars étaient « difficilement recouvrables ».

Si l’agenda du collège des juges est finalement respecté, la deuxième partie du procès démarre le 17 août et devrait se poursuivre le lendemain. Jean-Marie Atangana Mebara, Hubert Patrick Marie Otele Essomba et Joseph Kevin Walls devront alors répondre de l’accusation de détournement présumé d’une somme de 1,5 milliards Fcfa destinée au règlement des arriérés de loyers de la Camair. Pendant que Jean-Marie Atangana Mebara et Jérôme Mendouga, l’ancien ambassadeur du Cameroun à Washington Dc vont être jugés pour la gestion de 720 millions Fcfa affectés aux dépenses liées au processus d’acquisition de l’avion présidentiel, l’accusation n’ayant pas été convaincue par les explications données par le diplomate sur la destination de 122 millions Fcfa, reliquat de l’opération.

C.B.

 

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